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Destination nowhere
24 septembre 2005

Divagations autistiques

Le "débat" d'autistes que j'ai eu tout à l'heure avec Sycophante m'a inspiré ce post... en fait, je voulais vous parler d'une question particulière qui m'a angoissé toute mon enfance... aujourd'hui, elle m'exaspère simplement...

j'ai nommé, la seule, l'unique, la vraie question: "A quoi tu penses?" sans oublier sa grande variante "A qui tu penses?"... si on me l'a souvent posé, c'est parce que j'ai souvent l'air de penser mais parfois, je ne sais pas moi-même à quoi (et les non-autistes ne peuvent pas comprendre ça)... Je passe le désagrément que provoque la coupure qui vous fais passer de votre douce rêverie à la dure réalité et je me centre sur la complexité de l'intéraction sociale qui suit...

Au fil des années, j'ai tout testé mais finalement aucune réponse ne s'avère pleinement satisfaisante... En gros, quand on vous pose une question vous avez deux options: mentir - dire la vérité. Depuis l'enfance je suis conditionnée à rejeter la première option même si j'essaye de me soigner (il s'agit vraiment de se soigner... mon premier malaise vagal je l'ai fais après avoir menti sur un truc complètement insignifiant et j'ai continué à m'évanouir jusqu'à l'aveu de mon forfait (en l'occurence, c'était un séchage de cours... :o)... si c'est pas pathologique ça...). Bref... concernant cette question je suis arrivée à réduire la "dissonance cognitive" (tension entre ce en quoi je crois (il faut dire la vérité) et ce que je fais: le seul moyen de s'en sortir (mentir)) en m'appercevant que ma vérité n'était absolument pas crédible et que la personne qui me posait la question de l'angoisse n'était vraiment pas satisfaite de la réponse "je ne sais pas" (qui correspond pourtant à la réalité dans la majorité des cas)... J'ai donc, comme je le disais testé plusieurs types de réponses inventées:

- LE problème pratique du moment (généralement, c'est ce qui passe le mieux): je réfléchissais à comment j'allais faire pour..., comment j'allais m'organiser pour..., y a t-il encore assez de [?] pour..., comment j'allais m'y prendre pour... (bref, de l'impro avec ce que cela peut comporter de ratés)...

- LA réponse qui donne(rait, normalement) plus envie de reposer la question: "à la mort", "à ma vie", "à ce que tu m'as dis tout à l'heure" (ou autre réponse de grand névrosé)... si vous pensiez faire disparaître le comportement comme ça, lâchez l'affaire, ça marche pas, ça jette un froid au plus mais ça n'empêche pas l'interlocuteur de reposer la question. En plus si votre objectif initial était de ne pas paraître bizarre, vous avez manqué votre coup, définitivement...

- Le changement de sujet... super moyen, comme dans le cas de "je ne sais pas", votre interlocuteur pense que vous avez quelque chose à cacher...

Finalement, tout ça pour dire que j'ai une sainte horreur de cette question... et qu'il faut croire les autistes qui vous répondent "à rien" ou "je ne sais pas" quand vous la posez...

je viens de recevoir ça par mail... je trouve que ça illustre bien mon message alors je l'ajoute ;o)

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Commentaires
D
Bon en vous "écoutant" tous, je me dis qu'on se doit de relever un nouveau défi, comme ça, histoire d'avoir fait quelque chose de nos vies: ça va commencer par le concours de la réponse la plus ridicule imaginable à la question "à quoi tu penses", et notre mission, si nous l'acceptons sera de nous en servir la prochaine fois qu'on nous la posera...<br /> <br /> J'attends vos propositions... je vois déjà deux orientations possibles...<br /> 1) La mythomanie "je pensais à la dernière fois où j'ai réussi à détourner une astéroïde qui se dirigeait tout droit sur la Terre et aurait tout explosé si elle était entré en collision avec elle..." ou autre sauvetage d'avion qui allait s'écraser, de tribu qui allait se faire massacrer, de centrale nucléaire prête à exploser. Ou inversement, la préméditation d'un acte terroriste, des meurtres passés ou à venir dont vous êtes/serez l'auteur...<br /> <br /> 2) Le "burlesque" cf. Ouroboros et l'histoire des toilettes... (tiens d'ailleurs Ouroboros, tant qu'on y est, si tu réponds systématiquement "à toi" à cette question, quel que soit ton interlocuteur, c'est pas étonnant qu'on plaisante aussi souvent sur ton orientation sexuelle (1 fois sur deux à peu près non?) :o)
O
Quand il pose ce genre de question, votre interlocuteur n'attend qu'une seule réponse, deux petits mots qui feront briller son cœur et son âme pendant au moins trois minutes, lui feront plaisir, ou le mettront mal à l'aise (dans ce cas, c'est un refoulé): "à toi, évidemment (ou "pardi", j'aime bien la sonorité campagnarde du terme).<br /> Par exemple, si on me pose la question, là, tout de suite, je ne répondrais pas que j'ai envie d'aller aux toilettes, ou que, tiens, je m'étonne d'être encore sur un blog. Non, je pense à toi. TOI. A toi de voir si tu te sens concerné ;)
W
Tiens tiens, c'est marrant comme je me retrouve encore dans cette histoire...<br /> J'adore cette question à la con, le "à quoi tu pense". C'est vrai que souvent je choisissais le "a rien", mais bon, ça ne suffisait pas longtemps.<br /> La vérité? Si on n'a pas peur des esclandres, ou d'avoir à parlementer pendant les 2 heures suivantes ok...sinon...ben solution dragibus : "je pensais que pour la semaine prochaine il faudrait que..."<br /> C'est ma recette à moi pour éviter les problèmes, ça passe toujours mieux que le "rien".
B
Souvent, nous regardons dans le vague, mais nous ne pensons pas obligatoirement à quelque chose ou à quelqu'un. <br /> Nous nous sommes tout simplement déconnecté. Nous sommes "ailleurs". Point .
D
ça rassure et ça déculpabilise... de mettre un nom sur l'inconnu... et puis c'est vrai que des fois c'est important de formaliser un peu le ressenti, pour mieux le comprendre... ce qui nous ramène au débat "est-il nécessaire de tout comprendre, de mettre un nom sur tout, de trouver des causes à tout etc". c'est nécessaire si on en éprouve la nécessité... :o)<br /> <br /> Personnellement, c'est plus une question qui revient à l'extérieur de chez moi... j'ai la grande "chance" d'avoir un père encore plus autiste que moi, alors ma mère a l'habitude... elle sait qu'après quelques "houhouuuuuuuuuuu" on finit par remonter à la surface, qu'il faut pas perdre patience (ni espoir)...
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