Une époque formidable
Hier, j'étais super énervée, j'ai fendu le coeur de ma mère en pleurant pour une broutille (une remarque qu'elle m'avait faite et qui n'aurait eu aucune incidence un autre jour), ce matin, je me suis réveillée en super forme, je ne me suis pas engueulée avec mon père qui cherchait bruyamment et en gueulant ses identifiants "le neuf" et qui était déjà prêt à leur écrire une "lettre recommandée" pour arrêter l'abonnement (alors que c'est sa faute s'il les a perdu). Sans vouloir me vanter, j'ai sauvé la situation en lui les retrouvant et sans m'énerver (ou presque).
(voilà, je viens d'être interrompue une fois de plus par mon père qui voulait que je lui imprime quelque chose (ce qu'il aurait très bien pu faire lui même soit dit en passant) et devinez quoi... je l'ai fais sans râler!)
J'ai tellement "la positive attitude" aujourd'hui que j'ai déduis de plusieurs pensées que je vivais à la "bonne époque" et même... "au bon endroit" quoi qu'on en dise...
Comment en suis-je arrivée là... il faut savoir qu'hormis nos organes reproducteurs, il y a une chose qui me différencie fondamentalement de Syc*phante: j'ai toujours DETESTE l'Histoire-géo. Je me suis longtemps demandé pourquoi: est-ce parce que j'étais une telle bille en coloriage que mes cartes de géo ressemblaient aux gribouillis d'un enfant de 2 ans? est-ce parce que j'ai tant de problèmes au niveau du temps et de l'espace que cette discipline me paraît inaccessible? (le cauchemar quand j'ai dû apprendre la carte du monde avec toutes les capitales... enfin si associer deux mots entre eux ça va (pays-capital) mais les situer sur la carte du monde, l'angoisse! et puis les dates en Histoire, ces chiffres qui renvoient à des concepts tellement abstraits pour moi qu'ils en perdent tout leur sens... il se serait donc passé des choses entre la fin des dinosaures et ma naissance?).
Je suis consciente que cet état de fait (mon incompétence (ignorance) totale dans cette matière et mon manque d'intérêt irrécupérable) me pénalise pour... ben pour tout... parce qu'évidemment, pour comprendre le monde dans lequel on vit, il faudrait un peu comprendre ce qui a précédé (comme pour comprendre un individu il faudrait comprendre son histoire de vie?), j'ai conscience aussi du fait que cela m'empêche de comprendre la moitié des plus belles oeuvres des classiques de la littérature (ceux qui sont nés bien avant ma naissance), parce que là encore, si on ignore le contexte dans lequel les dites oeuvres ont été écrites, évidmment, on perd bien des clefs de compréhension et bien d'autres choses. Heureusement qu'il y a des sentiments, pensées, mécanismes psycho-sociaux et psych*logiques quasi universels...
Bref, je suis convaincue du caractère indispensable de cette discipline, pour autant, pour moi, il n'y a que trois étapes marquantes: le développement de la première bactérie, notre ancêtre à tous, la fin des dinosaures et ma naissance. Des années 80 à aujourd'hui, je comprends un peu près ce qu'il s'est passé (en France)... avant, c'est un peu comme après, on en dit beaucoup de choses mais je reste dans le doute... est-ce que ça fait de moi un monstre? (j'avais envie de le caser).
Revenons en à nos moutons... l'autre jour, comme vous le savez si vous êtes passé sur les cryptonautes anonymes, nous sommes allé à verdun avec Syc*phante... comme cela fait partie du programme scolaire de tous les collèges lycées de ma région, j'avais évidemment visité Verdun plusieurs fois, à chaque fois, il pleuvait, il y avait du brouillard et je revenais dépressive, cette fois là, malgré le soleil, j'étais donc bien décidée à passer la visite dans la voiture avec mon i-pod sur les oreilles, un peu comme si je visitais un parc d'attraction, un genre de jurrassic park (14-18 park?) de l'humanité, le mot d'ordre était: garder ses distances.
Pendant que je tenais parole en attendant S*cophante qui visitait l'ossuaire dans-la-voiture-et-l'i-pod-sur-les-oreilles, devant un champ tout bosselé à cause des bombardements, comme il y en a tellement là bas, après des calculs minutieux qui me conduirent à penser que si mon arrière-grand père qui a, lui aussi, visité ces lieux, mais au mauvais moment, avait fini comme tout ces gens "six feet under", avant d'avoir pu concevoir mon grand-père avec mon arrière grand-mère, je ne serais pas là en train en train d'y réfléchir... la solution m'apparut évidente: si je détestais l'Histoire, c'est parce qu'en Histoire, au collège et au lycée, à quelques chapitres près, on nous apprend que son versant le plus sordide, celui des conflits. L'Histoire des sciences, de l'art, de la littérature, de la philosophie, on les apprend (éventuellement) dans la discipline concernée, jamais en Histoire...(après, je n'ai évidemment pas été en fac d'Histoire pour savoir si ce constat s'appliquait égalemet post-bac). Oui, j'ai de lointains souvenirs qui me font penser qu'on a peut-être vu quelques sylex, quelques bijoux artisanaux (qui finalement sont quelque part les ancêtres de mon macbook, il fallait bien que la technologie commence par quelque chose) mais généralement on s'attarde plus sur le petit moustachu, sa vie, son oeuvre, ses crimes contre l'Humanité que sur l'émergence du language ou l'invention de l'horloge...
Et puis ce matin, je me suis réveillée en me disant que peut-être que si je n'aimais pas l'Histoire, c'est tout simplement parce que je suis heureuse de vivre à mon époque... tout m'est apparut sous un jour positif: pour commencer, avant, si je ne m'abuse: soit on était très riche, on branlait rien et on exploitait les pauvres, soit on était très pauvres, on travaillait toute sa vie, très jeunes et quand on avait terminé ben c'est qu'on était mort, on avait pas le droit de s'en plaindre, on savait même pas que c'était injuste puisqu'on nous apprenait pas à le penser, et le pire, c'est qu'on respectait l'autorité oppressantes, peut-être que c'est flippant qu'on ne respecte plus aucune autorité aujourd'hui, mais qu'est ce que c'est bien de pouvoir le faire... alors la middle class, la liberté, le confort, les loisirs, pour toutes ces raisons, ça vallait la peine d'attendre les années 80 pour sortir "des couilles de mon père" (enfin plutôt la fin des années 70 puisque je suis née en juin 80) et puis le futur... "on ne sait pas de quoi il sera fait"... alors je profite de ces quelques minutes de paix intérieure avant de recommencer à pester contre le monde entier parce qu'il y a toujours des endroits, à une distance raisonnable de Verdun, où il continue à écrire une Histoire de merde aux générations futures finiront peut-être comme moi, en psycho, qu'il roule plein phare en agglomération ou qu'il reste aussi passif que moi devant le spectacle allarmant que nous offre le PAF.
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