Ceci n'est pas un adieu
Depuis un moment, je cogite tellement que je me soûle toute seule et j’en ai plus que ras le bol.
J’ai donc essayé, comme au bon vieux temps, de faire le point sur ce qui n’allait pas et je constate que ce qui ne va pas, c’est exactement la même chose que ce qui n’est jamais allé: je stagne, je perds mon temps et je n’arrive pas à faire autrement.
Précisément parce qu’au lieu de prendre les choses en main, de tenter de mener mes projets à termes sans chercher d’excuses, je passe mon temps à observer mon poil pousser dans la main et à scruter mon nombril qui n’a décidément pas bougé d’un millimètre depuis 26 ans.
Ce blog, c’est pareil, il me saoule, parce que même si je lui dois S*cophante, et que je lui ai juré reconnaissance éternelle pour cette raison, il tourne en rond... et le pire c’est qu’il tourne pas vraiment rond. Du coup, j’avais décidé d’arrêter, au moins ça. Ou en tous cas, de trouver un concept parce que rien qu’en regardant la liste interminable des catégories, on se rend compte qu’ici, c’est comme dans mon cerveau, c’est le chaos. Là, je vais tout laisser en “stand by” jusqu’à l’illumination qui me fera prendre une décision, que je voudrais ferme et définitive mais qui ne sera que faible et fluctuante, à mon image.
ça n’a l’air de rien comme ça, mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est fatiguant pour moi de vivre avec moi-même et toutes les tragédies pathétiques que je créé de toute pièce. Hier soir, en m’endormant, je cherchais une fois de plus à me diagnostiquer des pathologies (je m’en suis diagnostiqué à la pelle des pathologies mais à chaque fois, j’ai l’impression que de le penser, ça va m’aider. Ce qui est faux, parce que rien ne change)... en fait, ce que j’ai, ça me fait l’effet de tentatives de suicide internes à répétition, c’est insupportable.
On imagine facilement ce que ça peut-être de vivre avec quelqu’un qui n’arrête pas de menacer de se suicider ou de tenter de le faire... on imagine combien ça peut-être compliqué pour les proches, ben moi, je suis à la fois le proche et la victime. J’ai des pensées systématiquement auto-destructrice, un petit bobo (ou des fois, même pas besoin d’un petit bobo) et tous mes neurones se mettent à tirer la sonnettes d’alarmes et se mobilisent autour de l'événement: “ATTENTION CA NE VA PAS DU TOUT ET DEMAIN, CE SERA FORCEMENT PIRE”. A partir de là, les scénarios catastrophes sont légions et j’ai l’impression que je n’arriverai jamais au bout du tunnel que je viens de construire en un temps record quelques minutes auparavant.
Il y a quelques semaines, on était avec la maman de S*cophante qui parlait d’un petit cocker qu’elle avait à la naissance de S*cophante, et qui n’a pas supporté qu’on détourne un peu de l’attention qu’on lui portait pour se centrer sur le bébé rival. Aussi, dès lors que S*cophante se mit à sortir de son berceau, et dès que l’occasion se présentait, l’animal se jetait sur lui pour le mordre... Les parents de S*cophante ont donc, comme n’importe quels parents dans la situation, dû se résoudre à le donner à une dame. La morale de l’histoire, c’est que ce cocker en voulant préserver son territoire et sa stabilité affective s’est tiré une balle dans le pied tout seul et a fini par obtenir exactement l’inverse de ce qu’il souhaitait: une exclusion sans aucune négociation possible, un inexorable retour à la case départ.
Ben moi, je me sens souvent comme ce cocker, j’ai tellement peur de la vie en raison de toutes ses incertitudes et du constat insupportable que rien n’est jamais acquis, je cherche tellement à me débattre pour contrôler ce qui pourrait l’être (et/ ou en me lamentant sur le fait que je n’ai pas ce pouvoir de contrôler l’incontrôlable) que ce comportement en devient auto-destructeur. A cela s’ajoute une vision dramatiquement pessimiste des événements à venir qui n’est pas faite pour arranger les choses: "ok, tout va bien mais ce n'est pas une raison pour que tout n'aille pas mal demain"... voilà à quoi on pourrait résumer ma philosophie de vie...
J’ai mal au ventre, c’est un cancer, j’ai mal à la tête, c’est un cancer, je suis fatiguée, c’est une dépression, je rate quelque chose, je suis une ratée, on ne me répond pas, on me fait la tête et c’est pour toujours, pas étonnant puisque je ne fais jamais rien de bien, quelqu’un soupire, je l’ai énervé, quelqu’un rit, il se fout de ma gueule, quelqu’un sourit, pareil, je sors pour faire les courses, à tous les coups, je vais avoir un accident, je ne reviendrai jamais, j’espère que vous me pleurerez un peu, je vais chez le médecin, il va sûrement me trouver un cancer, je dois prendre le train, il va dérailler, je croise un mec bizarre, il va sans doute sortir une kalachnikov et tous nous dégommer... Pour mes proches, c’est pareil donc vous multipliez ces angoisses par le nombre de personnes à qui je suis profondément attachée et vous avez une idée de ce que ça peut-être de vivre un peu dans ma tête... Je suis hypocondriaque, paranoïaque et maniaco-dépressive (etc). C’est beaucoup pour une seule personne.